samedi 15 août 2009

DÉBAT: Requérir l'aide de cette industrie DU TABAC pour lutter contre la contrebande, ...

Vous vous souvenez peut-être du titre du premier article publié en France dans Libération en l'an 2000 (année du congrès de Chicago) mettant en cause l'industrie du tabac dans l'organisation de la contrebande dans le monde. Il y a un chapitre entier dans mon livre "Le Rideau de Fumée".
Invité de l'émission "C dans l'Air", j'ai rappelé et argumenté ce point. J'ai indiqué que requérir l'aide de cette industrie pour lutter contre la contrebande, c'est comme de demander à Marc Dutroux de faire des cours de sexologie. BAT (qui vient de demander la légalisation du tabac à chiquer au président de la République" se sent mal; voir ci-dessous la dépêche APM et l'article web de Libé).
Par ailleurs, les buralistes supportent mal l'idée qu'à chaque emploi de buraliste correspond deux décès annuel du tabac.
Ils répondent en tentant une intimidation judiciaire. BAT est coutumier du fait dans le Monde, mais c'est une première en France. Puis-je rappeler que Jerry Lui, patron de BAT Hong Kong a été condamné à la prison pour organisation de la contrebande en Chine (un témoin a été enlevé, torturé, tué et jeté dans les eaux du port de Singapour, le vice-président de BAT, Kenneth Clarke, dit dans une interview que BAT a mis à disposition ses produits sur le marché légal et sur le marché parallèle, plus les documents qui en attestent (voir en fin de mon livre).
Le plus intéressant est que BAT ne conteste rien de ces faits, mais s'offusque d'être assimilé à Marc Dutroux. BAT n'a d'ailleurs pas été nommément mis en cause puisque ma comparaison concernait l'ensemble de l'industrie. Quant au syndicat de buralistes, je comprends qu'ils supportent mal que l'on dise qu'ils n'ont jamais gagné autant d'argent sur le tabac qu'aujourd'hui et qu'ils n'appliquent pas l'interdiction de vente aux moins de 16 ans (18 bientôt).

J'ai été interviewé aujourd'hui par FR3 Nord Picardie et réaffirmé mes propos (pas tels que rapporté par BAT). Je remercie Stan Shatenstein et Luk Joossens de leur soutien amical sur globalink en anglais.

Pr Gérard Dubois
Service de Santé Publique
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80054 Amiens
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fax: +33 3 22 66 81 98

Vendredi 7 août 2009 - 09:54
Protestations des buralistes et de BAT après des propos jugés injurieux du Pr Gérard Dubois
PARIS, 7 août 2009 (APM) - La Confédération des buralistes de France et le fabricant de tabac British American Tobacco (BAT) ont protesté contre des propos, qu'ils jugent injurieux, tenus dans une émission de télévision par le président d'honneur de l'Alliance contre le tabac et du Comité national contre le tabagisme (CNCT), le Pr Gérard Dubois.

La Confédération et BAT ont indiqué, dans des réactions séparées, qu'ils étudiaient la possibilité de déposer plainte en justice pour ces propos.

Lors de l'émission "C dans l'air", diffusée mardi soir sur France 5, le Pr Dubois a déclaré, parlant de la lutte conte le trafic de cigarettes, qu'"écouter l'industrie du tabac, c'est écouter Marc Dutroux pour lutter contre les crimes sexuels". "Cette industrie est la grande organisatrice du trafic", a-t-il poursuivi.

D'autre part, il a déclaré que les buralistes n'avaient pas appliqué l'interdiction de vente aux moins de 16 ans et que "le buraliste, c'est quelqu'un qui vit sur la mort de quatre personnes par an", en effectuant un rapprochement entre le nombre de morts du tabac par an (66.000) et le nombre de buralistes (29.000).

Ce chiffre de quatre personnes par an semble surestimé, puisqu'il existe un rapport de un à deux entre le nombre de bureaux de tabac et le nombre de morts du tabac et non de un à quatre, note-t-on.

Le Pr Dubois a tempéré sa déclaration en ajoutant que les buralistes ne pouvaient "pas être tenus pour responsables" de ces morts.

Lors de l'émission, il a aussi dénoncé l'implication de l'industrie du tabac dans l'organisation du trafic de cigarettes, en citant les procédures judiciaires engagées contre les fabricants par les autorités américaines et européennes. Il a souligné que l'industrie du tabac travaillait "main dans la main avec les mafias internationales du trafic de drogues".

Le président de la Confédération des buralistes de France, Pascal Montredon, a réagi mercredi sur le site de l'organisation en indiquant examiner "les suites judiciaires à donner" et avoir pris contact avec les "interlocuteurs gouvernementaux" des buralistes pour "leur demander leur position par rapport à cette agression scandaleuse".

"Que ce soit dans les médias ou en tout lieu d'expression publique, jamais nous ne laisserons insulter ainsi gratuitement la profession. Dans un Etat de droit, il y a des limites à la polémique".

Le président de BAT France, Marc Jones, a dénoncé dans un communiqué diffusé jeudi des "propos injurieux", indiquant agir "au nom de BAT France et au nom de ses 350 salariés et de leurs familles qui ont été heurtés par les propos tenus".

"Ne rien faire reviendrait à accepter de comparer les salariés d'une entreprise légale avec l'un des pires criminels sexuels de ces dernières années. Nous ne pouvons accepter de laisser ces deux associations financées par des subventions publiques tenir des propos aussi fallacieux, choquants injurieux et blessants à l'égard de nos salariés et de leurs familles".

Marc Jones a également demandé à Roselyne Bachelot et au ministre du budget, Eric Woerth, "de prendre position et de décider des mesures appropriées à l'encontre de ces deux associations subventionnées par l'Etat".

Joint par l'APM, le Pr Gérard Dubois a estimé que la menace de dépôt de plainte était "une tentative d'intimidation de BAT". "J'ai simplement dit que l'on ne confie pas aux délinquants la prévention de la délinquance. Cette position est celle de l'Organisation mondiale de la santé qui a refusé d'associer les fabricants à l'élaboration de la Convention cadre pour la lutte anti-tabac".

hm/cb/APM polsan
redaction@apmnews.com

HMMH6003 07/08/2009 09:54 ACTU

«Assimiler l'industrie du tabac à Dutroux est inacceptable»
article + vidéo
Le cigarettier British American Tobacco France envisage des poursuites à l'encontre du Professeur Gérard Dubois pour ses propos tenus dans l'émission «C dans l'air». Récit.
72 réactions
Par SYLVAIN MOUILLARD
Simple coup de pression ou réel changement de ton? Le cigarettier British American Tobacco (BAT) France menace le Professeur Gérard Dubois, président de l'Alliance contre le Tabac de «poursuites judiciaires» après des «propos injurieux».
La filiale française du «numéro deux mondial du tabac» reproche à Gérard Dubois sa sortie lors de l'émission «C dans l'air» diffusée le 4 août dernier. Intitulée «Tabac: la french connection», celle-ci aborde la question du trafic de cigarettes.
Les quatre invités débattent de la recrudescence de la contrebande, lorsque Gérard Dubois déclare (voir la vidéo autour de 11'20") qu'«écouter l'industrie du tabac c'est écouter Marc Dutroux pour lutter contre les crimes sexuels». Sur le plateau, personne ne réagit. BAT n'est d'ailleurs pas nommément visé par Gérard Dubois.


Deux jours plus tard, BAT France dégaine pourtant un communiqué outré: «Scandalisé par les propos injurieux tenus par le Professeur Dubois lors de l'émission «C dans l'air» diffusée sur France 5 le mardi 4 août 2009, British American Tobacco (BAT) France examine les suites judiciaires à donner».
Contacté par Libération.fr, Yves Trévilly, directeur des relations institutionnelles de BAT France, précise que les avocats du groupe ont été contactés pour éventuellement formaliser des poursuites. «Nous avons trois mois pour déposer plainte, explique-t-il. Il y a plusieurs possibilités: diffamation, injure...»
«De l'agitation»
Habitué à répondre à des mises en cause des associations anti-tabac, Yves Trévilly considère «l'assimilation à Dutroux comme inacceptable». Pour lui, «les mots ont un sens, un poids», notamment de la part d'un «responsable d'association subventionné par les contribuables». «Qu'il continue ses attaques classiques, cela ne nous gêne pas. Mais nous avons souhaité mettre le holà après ces propos, parce qu'il y a des choses qu'on ne peut pas mélanger», conclut-il.
Gérard Dubois, lui, ne s'inquiète pas d'éventuelles poursuites: «Qu'ils y réfléchissent, répond-il d'abord, à mon avis c'est de l'agitation». Et d'enfoncer le clou: «Je ne regrette absolument pas mes propos. Par cette comparaison, j'ai voulu dire que l'on ne demande pas leur aide à des délinquants».
Bien conscient que cette affaire constitue également une tribune pour dénoncer ce qu'il appelle une «industrie mafieuse en col blanc», Gérard Dubois fustige «l'implication des cigarettiers dans la contrebande». Comme durant l'émission de France 5, il met en avant l'exemple d'Imperial Tobacco Canada, condamné à une amende record en 2008 pour contrebande.

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